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Tout le monde s’accorde sur le fait que le but ultime de la lecture est la compréhension, c’est-à-dire l’extraction du sens des textes.
De même, le but ultime de l’écriture au sens large est la communication de significations : la production de mots, de phrases et de textes qui peuvent être compris.
Chez le lecteur expert, la compréhension est une habileté très complexe qui mobilise toute une série de processus incluant la reconnaissance et la compréhension des mots, les habiletés linguistiques générales, les connaissances préalables sur le sujet à comprendre, les capacités d’inférence et d’anticipation, etc.
Cependant, afin de comprendre ce que les mots veulent dire, il est absolument essentiel que l’élève développe des moyens de reconnaissance des mots rapides et efficaces. L’apprenant qui lit rapidement et efficacement doit donc développer des mécanismes d’identification des mots automatisés.
Comme le soulignent les chercheurs Alegria, Leybaert et Mousty, le rôle fondamental attribué à l’identification des mots écrits vient du fait qu’il est logiquement inconcevable de comprendre un texte sans pouvoir en reconnaître au moins une partie des mots qui le constituent ; et ceci est d’autant plus vrai que le texte est plus complexe et moins prédictible.
Les études montrent que les bons lecteurs utilisent rarement le contexte pour identifier un mot car les mots sont généralement identifiés avant que les informations contextuelles ne soient disponibles. Ce sont les lecteurs faibles qui surexploitent le contexte pour identifier les mots afin de compenser leurs faiblesses de reconnaissance de ceux-ci.
Pour démontrer ce fait, plusieurs études ont également montré que les bons lecteurs, qui peuvent identifier les mots rapidement et efficacement, disposent de plus de ressources cognitives et attentionnelles grâce auxquelles ils peuvent comprendre et intégrer le sens de ceux-ci afin de comprendre le passage. Par contre, les lecteurs faibles, qui disposent moins de mécanismes automatiques pour identifier les mots, doivent allouer tellement de leurs réserves attentionnelles et cognitives à la reconnaissance de ceux-ci qu’ils ont des difficultés à construire le sens global de la phrase ou du texte. La compréhension générale est donc affectée.
Pour résumer, le développement de mécanismes d’identification des mots rapides et efficaces est un prérequis pour être capable de comprendre les textes écrits, et explique pourquoi les apprenants dyslexiques ont des difficultés à apprécier le sens des textes.
Pour cette raison, nous examinerons d’abord les étapes essentielles dans le développement des mécanismes d’identification des mots avant d’aborder les autres processus impliqués dans la compréhension.