Section 3 – Que faire?

Vers une politique d’inclusion

Principes de l’inclusion

Cette partie explique les droits de l’enfant, les considérations pratiques et ce qui peut être fait afin de fournir un environnement inclusif aux enfants présentant des troubles d’apprentissage tels que la dyslexie.

Qu’est-ce que l’inclusion ?

L’UNESCO considère que l’inclusion est un droit humain fondamental :

« L’éducation de qualité inclusive est fondée sur le droit de tous à une éducation de qualité qui réponde aux besoins d’apprentissage essentiels et enrichisse l’existence des apprenants. Axée en particulier sur les groupes vulnérables et défavorisés, elle s’efforce de développer pleinement le potentiel de chaque individu.

Le but ultime de l’éducation de qualité inclusive est d’en finir avec toute forme de discrimination et de favoriser la cohésion sociale. »

Extrait de : www.unesco.org/education/inclusive

Dans cette perspective, le rôle de l’enseignant est d’aider chaque élève à développer ses potentiels au maximum dans un environnement harmonieux dans lequel les élèves se respectent mutuellement et où tous les élèves, quelles que soient leurs difficultés d’apprentissage, ne soient pas séparés des autres.

Ceci est un défi de taille.

Selon le Dr. Harry Chasty, consultant international dans le domaine des difficultés d’apprentissage, 90% des élèves dyslexiques peuvent apprendre efficacement dans une classe traditionnelle si l’enseignant est formé à comprendre la dyslexie, à la détecter et à adapter son enseignement pour répondre aux besoins des apprenants dyslexiques.

Il est cependant fortement conseillé qu’une aide additionnelle soit mise en place avec une personne spécialisée dans le domaine de la dyslexie. Si cette aide prend place à l’école, elle ne devrait pas se faire durant les récréations ni à la place des activités dans lesquelles les enfants dyslexiques excellent fréquemment, comme le sport ou l’art.

L’argument pour ne pas séparer des élèves de leur groupe de pairs est fort : les élèves dyslexiques ne perdront pas l’estime de soi et ne se sentiront pas amoindris ; et les enfants n’ayant pas de difficultés d’apprentissage s’enrichiront au travers de la coopération avec d’autres ayant plus de difficultés qu’eux à lire et à orthographier, et au travers de l’appréciation des qualités et habiletés spéciales de leur(s) pair(s)
dyslexique(s).

De nombreux systèmes éducationnels mettent déjà cette politique d’inclusion en pratique. L’inclusion est la règle par exemple en Finlande, qui est classée au sommet des enquêtes internationales pour ses résultats éducationnels exceptionnels. Les enfants sont éduqués ensemble. Ceux qui ont besoin d’aide individuelle supplémentaire dans des cadres plus restreints sont soutenus par des spécialistes, par exemple pour la dyslexie ou l’autisme. En dehors de cela, les enfants apprennent ensemble et les uns des autres.

Dans certains cas, une aide individuelle peut être apportée par des spécialistes en dyslexie. Dans ce cas, vous devriez vous mettre en contact avec la personne concernée.

Veillez à ne pas priver les élèves d’activités telles que le sport, l’art ou la technologie, dans lesquelles ils peuvent exceller et qui améliorent leur estime de soi.

Questions et réponses sur l’inclusion extraites du site de l’UNESCO

3. Comment une éducation inclusive favorise-t-elle la réussite scolaire ?

Les efforts pour étendre la scolarisation doivent s’accompagner de politiques visant à améliorer la qualité de l’éducation à tous les niveaux, dans les cadres formel et non formel. Il faut oeuvrer à l’instauration d’un continuum de réussite, en couplant les politiques de scolarisation des enfants exclus à des programmes et des pratiques garantissant leur réussite. C’est un processus qui exige que l’on prenne en compte la diversité des besoins des apprenants. Il passe par des interventions tant au niveau de l’enseignement que des programmes scolaires, des modes interactionnels et des relations entre écoles et communautés.

On sait bien que les enfants issus de milieux socio-économiques plus favorisés et ayant accès aux livres ont généralement de meilleurs résultats que ceux de milieux moins favorisés ayant un accès plus réduit aux matériels de lecture. Un système éducatif intégrateur s’efforce de compenser ces handicaps, par exemple en apportant un soutien aux élèves qui ont des difficultés de lecture.

4. Quels sont les principes de l’intégration ?

La notion d’intégration trouve son origine dans le droit à l’éducation tel qu’il est défini à l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Il a été réaffirmé depuis par d’autres traités et instruments normatifs, dont trois méritent d’être cités. La Convention de l’UNESCO concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement (1960) stipule que les États ont l’obligation d’offrir des possibilités éducatives à tous les exclus de l’enseignement primaire. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) réaffirme le droit de toute personne à l’éducation, ainsi que le principe de la scolarité gratuite et obligatoire. Enfin, la Convention relative aux droits de l’enfant, l’instrument de défense des droits de l’homme le plus largement ratifié, proclame explicitement le droit des enfants à être protégés contre toute forme de discrimination. Elle contient aussi des engagements relatifs aux objectifs de l’éducation, reconnaissant que l’apprenant est au centre de l’expérience d’apprentissage, ce qui rejaillit sur le contenu et la pédagogie, et, plus largement, sur la gestion des écoles.

5. La notion d’intégration reste trop souvent associée aux enfants présentant des besoins particuliers. Pourquoi ?

Trop souvent, les services destinés aux différents groupes exclus et marginalisés ont été fournis en marge du système général, sous forme de programmes spéciaux dispensés dans des établissements séparés par des éducateurs spécialisés. Et trop souvent, cela n’a fait qu’aggraver l’exclusion, en offrant une éducation de second ordre qui entrave la poursuite des études.

Dans les pays développés, la démarche vers plus d’intégration est souvent freinée par des traditions d’accueil séparé ou spécifique pour les groupes reconnus comme « difficiles » ou « différents ». Mais l’idée qu’il est préférable d’accueillir les enfants ayant des besoins spéciaux dans les établissements ordinaires, en leur apportant l’accompagnement nécessaire, gagne du terrain. Les études réalisées aussi bien dans les pays de l’OCDE que hors OCDE montrent que les élèves handicapés réussissent mieux lorsqu’ils sont intégrés au système général.

La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, adoptée il y a peu et déjà signée par plus de 100 pays, préconise l’intégration scolaire des handicapés à tous les niveaux. On assiste donc à un changement profond de perspective, axée non plus sur un bien-être médical mais sur la défense d’un droit humain, qui modifie les approches de l’éducation.

6. Que faire pour que l’école accueille tous les enfants ?

L’objectif général est de faire de l’école un lieu où tous les enfants participent et sont traités à égalité. Il faut pour cela changer notre vision de l’éducation. L’éducation inclusive est une approche qui consiste à réfléchir aux changements à apporter aux systèmes éducatifs pour qu’ils répondent à la diversité des apprenants. Pour une école de meilleure qualité, nous devons améliorer l’efficacité des enseignants, promouvoir des méthodologies centrées sur l’apprenant, élaborer des manuels et des matériels d’apprentissage adaptés, et garantir que les écoles sont des lieux sûrs et sains pour tous les enfants. Le renforcement des liens avec les communautés est également crucial : les relations entre les enseignants, les élèves, les parents et la société en général sont un facteur essentiel pour le développement d’environnements d’apprentissage intégrés.

Il est souvent très difficile de faire participer les familles des apprenants les plus marginalisés. Mais il y a des moyens originaux d’y pallier. Dans une école primaire de Durban (Afrique du Sud), par exemple, ce sont les grands-mères qui supervisent les activités de lecture, permettant aux enseignants de se concentrer sur les élèves en difficulté.

7. Comment réformer les programmes scolaires pour améliorer l’apprentissage et encourager l’intégration de tous les élèves ?

Un programme scolaire intégrateur favorise le développement cognitif, affectif et créatif de l’enfant. Il s’appuie sur les quatre piliers de l’éducation pour le 21e siècle – apprendre à connaître, à faire, à être et à vivre ensemble. Cela commence dans la salle de classe. Le programme scolaire a un rôle moteur à jouer dans la promotion de la tolérance et des droits de l’homme, outil puissant de dépassement des différences culturelles, religieuses et autres.

Un programme intégrateur tient compte du genre, de l’identité culturelle et du bagage linguistique de l’apprenant. Il s’efforce d’abattre les stéréotypes sexuels non seulement dans les manuels, mais aussi dans les attitudes et les attentes de l’enseignant. Les approches éducatives plurilingues, dans lequel la langue est reconnue comme une partie intégrante de l’identité culturelle de l’élève, peuvent être sources d’intégration. Un enseignement dispensé dans la langue maternelle au cours des premières années d’études a par ailleurs un impact positif sur les résultats de l’apprentissage : en Zambie, les langues maternelles sont utilisées comme vecteur d’instruction durant les trois premières années d’école pour le plus grand bien des élèves.

Une approche inclusive des politiques en matière de programmes d’enseignement met l’accent sur la flexibilité et l’ajustement aux besoins individuels de façon que chaque élève bénéficie d’une éducation de qualité, selon une norme de base communément acceptée. On peut par exemple varier le temps que les élèves consacrent à certaines disciplines, donner aux enseignants plus de liberté dans le choix de leurs méthodes d’enseignement et accorder une plus grande place aux travaux dirigés en classe.

8. Les enseignants sont des acteurs clés de l’éducation. Or, dans de nombreux pays, leur statut et leurs conditions de travail constituent un frein au développement de l’intégration. Comment améliorer leur sort ?

La façon dont on enseigne est d’une importance cruciale dans toute réforme visant à améliorer la qualité de l’éducation. Un programme centré sur l’enfant se caractérise par son rejet de l’apprentissage machinal et par la place accordée à l’apprentissage actif, coopératif, interactif et appuyé sur l’expérimentation. L’adoption de l’intégration comme principe directeur a des répercutions sur les pratiques et les attitudes des enseignants, que ce soit vis-à-vis des filles, des élèves plus lents, des enfants ayant des besoins spéciaux ou de ceux qui viennent de milieux différents.

Pour un meilleur apprentissage, les enseignants doivent bénéficier d’une formation préalable et d’une formation continue. De plus, des politiques qui prennent en compte le statut, le bien-être et le développement professionnel de l’enseignant doivent être développées. Or, nous nous trouvons face non seulement à une grave pénurie de personnels, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et de l’Ouest, mais aussi à un manque d’enseignants qualifiés, ce qui a des conséquences désastreuses pour la qualité de l’apprentissage. On ne peut introduire un nouveau programme sans familiariser d’abord les enseignants avec ses objectifs et son contenu. L’évaluation peut aider les enseignants à mesurer les résultats des élèves et à diagnostiquer les difficultés. Mais ils doivent comprendre la valeur de bonnes pratiques d’évaluation et apprendre à préparer leurs propres tests.

En Afrique du Sud, par exemple, une réforme ambitieuse, introduite en 1998, a rencontré des difficultés parce que les enseignants n’étaient pas formés aux nouvelles approches pédagogiques. On souffrait aussi du fait que les écoles des quartiers défavorisés n’avaient pas accès aux bibliothèques, aux manuels et aux matériels de référence indispensables aux enseignants pour préparer leurs cours. Face à ces problèmes pratiques, il faut prévoir d’autres adaptations : le programme reste centré sur l’enfant, mais il est simplifié pour une mise en oeuvre plus efficace.

9. L’éducation inclusive n’entraîne-t-elle pas des coûts supplémentaires ?

On peut répondre, en premier lieu, qu’il n’est pas rentable de conserver des systèmes scolaires où les enfants n’apprennent pas du fait de la mauvaise qualité de l’enseignement. Les écoles souffrant de taux de redoublement élevés sont généralement celles où on n’est pas parvenu à prévenir l’échec scolaire. Plutôt que de financer ces redoublements, elles feraient un meilleur usage de leurs budgets en apportant un soutien supplémentaire aux élèves en difficulté.

Plusieurs mesures rentables visant à promouvoir une éducation inclusive de qualité ont été élaborées dans des pays aux ressources limitées : modèles de formation de
formateurs en vue du perfectionnement professionnel, rapprochement entre les futurs enseignants et les écoles, transformation des établissements d’éducation spécialisée en centres de ressources chargés d’apporter expertise et soutien à des groupes d’établissements d’enseignement général.

Nous devrions surtout nous demander ce qu’il en coûte de ne pas assurer une éducation de bonne qualité à tous les enfants. On a clairement besoin de ressources supplémentaires. La part de l’éducation dans l’aide officielle au développement reste bien en-dessous des 9 milliards de dollars EU nécessaires uniquement pour réaliser l’éducation primaire universelle. Les gouvernements comme les donateurs devraient concevoir et favoriser des politiques nationales encourageant l’intégration, aussi bien en termes d’accès que de qualité de l’éducation.

10. Une éducation inclusive de qualité mène-t-elle à des sociétés plus inclusives ?

L’exclusion frappe dès le plus jeune âge. Il faut donc adopter une vision holistique de l’éducation. Des programmes complets de protection et d’éducation de la petite enfance améliorent le bien-être de l’enfant, le préparent à l’école primaire et lui offrent de meilleures chances de succès une fois qu’il est scolarisé. Tout indique que ce sont les enfants les plus défavorisés et vulnérables qui tirent les plus grands profits de ces programmes. Il faut aussi faire en sorte que tous les adultes, et en premier lieu les mères, soient alphabétisés, car les enfants, à commencer par les filles, ont alors de plus grandes chances d’être scolarisés.

Rattachée aux objectifs plus larges du développement, l’intégration contribuera à la réforme des systèmes éducatifs, à la réduction de la pauvreté et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Un système éducatif intégrateur profite à tous les apprenants sans laisser aucun individu ou groupe de côté, en s’appuyant sur les valeurs de démocratie, de tolérance et de respect des différences.