3.3.1.4. Cartes

Utiliser les cartes de lecture et d’orthographe

An earAn eyethe throata hand

Un autre outil généralement utilisé dans les méthodes multisensorielles afin de renforcer l’apprentissage multisensoriel des correspondances graphème-phonème est un ensemble de cartes de lecture et de cartes d’orthographe.

Ces cartes aident à constituer des associations automatiques entre les « lettres » et les « sons ». De cette manière, elles constituent un outil efficace de stimulation de la mémoire et de surapprentissage.

Cartes de lecture

L’enseignant présente la carte de lecture sur laquelle est inscrit un graphème (ou une séquence de graphèmes) en écriture imprimée en lettres minuscules et majuscules (ex. < t > et < T >).

Ensuite, l’enseignant retourne la carte et demande aux élèves de réaliser un dessin dont le premier « son » correspond au phonème-cible (ex. une table)

Cartes d’orthographe

Sur les cartes d’orthographe (d’une autre couleur que les cartes de lecture), le phonème est écrit dans le coin supérieur gauche (ex. [ b ]), le graphème correspondant est écrit au milieu de la carte en écriture cursive (ex. < b >), et le mot-clé est écrit dans le bas de la carte (ex. < bol >).

Pour voir quelques exemples des cartes de lecture de Bill

Comme dans de nombreux cas en français, un même son peut s’orthographier de différentes manières (ex. [ f ] dans < file >, < baffe > ou < phoque >).

  • – lorsque la correspondance graphème-phonème est introduite pour la première fois, seule la « lettre » le plus fréquemment associée au « son » est présentée sur la carte d’écriture (dans le cas de [ f ], < f >) ;
  • – lorsque, dans une leçon ultérieure, la correspondance « lettre » – « son » [ f ] – < ff > sera enseignée au moyen de liens multisensoriels, < ff > sera ajouté sur la carte d’écriture déjà donnée pour [ f ], à côté de < f > ;
  • – enfin, lorsque dans une leçon ultérieure, la correspondance « lettre » – « son » [ f ] – < ph > sera enseignée au moyen de liens multisensoriels, la « lettre » < ph > sera ajoutée sur la carte d’écriture déjà donnée pour [ f ], à côté de < f > et de < ff >.

Pour voir quelques exemples de cartes d’orthographe, ainsi que les trois cartes correspondant à la progression décrite ci-dessus pour le « son » [ f ],

 

Par ailleurs, pour les phonèmes correspondant à de nombreux graphèmes, on peut tenter de sensibiliser les élèves dyslexiques aux régularités orthographiques positionnelles au moyen des cartes d’orthographe. Par exemple, en général, le son [ o ] s’écrit < eau > en fin de mot (ex. < bateau >, < manteau >, < chapeau >, etc.) mais <au > au milieu des mots (ex. < baudet >, < mauvais >, < chauffer >, etc.). La carte d’orthographe est alors divisée en trois colonnes (début, milieu, fin) et les graphèmes sont présentés dans la colonne appropriée. Ensuite, seulement, on enseigne les autres correspondances moins fréquentes que l’on rajoute sur la carte d’orthographe (ex. < o >).

Les exceptions ne sont pas reprises sur la carte, mais enseignées ultérieurement selon les mots dans lesquels elles apparaissent.

On peut également créer des cartes de lecture et d’orthographe ad hoc correspondant à des séquences problématiques :

  • – par exemple, certains élèves dyslexiques ont de grandes difficultés pour lire et/ou orthographier les groupes de consonnes. On peut alors fournir des cartes de lecture et d’orthographe comportant les groupes de lettres correspondant à de telles séquences (ex. < cl > pour [ kl ], < spr > pour [ spr ], etc.) et des mots-clés commençant par (ou comportant) cette séquence (ex. < clé > pour [ kl ], < sprint > pour [ spr ]).
  • – par ailleurs, on peut créer des cartes de lecture et d’orthographe comportant des séquences fréquentes ; souvent des fins de mots, par exemple < -er > pour la fin de mot [ é ] (comme dans < trier >), < -tion > pour la syllabe finale [  sion ] (comme dans < portion >) ; ou des affixes, par exemple < -ment > pour le suffixe [ man ] (comme dans < vraiment >).

Ainsi, les cartes de lecture et d’orthographe constituent un outil d’individualisation très efficace et très flexible dans la mesure où l’enseignant peut les adapter en fonction des difficultés générales que présentent les élèves de la classe, mais également en fonction des difficultés spécifiques des élèves (dyslexiques ou non).

Les cartes présentées à chaque leçon peuvent être rassemblées en « paquet de lecture » et en « paquet d’orthographe », qui peuvent être systématiquement et rapidement revus :

– Le « paquet de lecture » est placé devant les élèves. Pour chaque carte :

  • les élèves disent le mot-clé (à moins qu’ils n’aient de grosses difficultés de mémoire) ;
  • puis ils disent le(s) « son(s) » correspondant à la (aux) « lettre(s) » représentée(s) ;
  • puis ils retournent la carte et regardent le dessin pour vérifier s’ils ont fourni la réponse correcte.

Voici un clip vidéo montrant des extraits de Bill révisant le « paquet de lecture » comportant les correspondances qui lui ont déjà été enseignées.

– Le « paquet d’orthographe » est entre les mains de l’enseignant. Pour chaque carte :

  • l’enseignant prononce le(s) « son(s) » (son(s) pur(s)) ;
  • les élèves répètent le(s) « son(s) » et nomment la (les) lettre(s) qui compose(nt) la (les) « lettre(s) », à savoir le(s) graphème(s), ex. [ pr ] est < p > et < r > ;
  • puis les élèves écrivent la (les) « lettre(s) » en écriture cursive sur une feuille de papier ligné.

Au fil du temps, les cartes connues (réponses correctes et rapides/automatiques) sont enlevées du paquet et les cartes comportant de nouvelles correspondances (ou séquences) sont ajoutées, de telle manière à ce que les paquets comportent environ 30-50 cartes en moyenne.

Dans le cadre de la classe ordinaire, vous pourriez rapidement revoir avec les élèves dyslexiques les « paquets » si cela est possible, idéalement au moins deux fois par semaine (cela ne prend que quelques minutes).

Alternativement, ou complémentairement, vous pouvez demander à ces élèves de revoir leurs « paquets » à la « maison » et/ou avec les « spécialistes » qui les accompagnent si cela est possible, le plus souvent possible (idéalement tous les jours). Dans ce cas, veillez à bien expliquer aux personnes impliquées les routines de révision décrites ci-dessus (idéalement, vous pourriez leur fournir une feuille reprenant les étapes systématiques de révision pour chaque « paquet »), ainsi que l’importance des sons purs, isolés.