3.4.1 Concentration et Organisation

Concentration

Certains élèves dyslexiques ont des difficultés de concentration. Ces difficultés ne sont pas nécessairement liées à un problème d’attention, mais au fait qu’ils ont des difficultés à ignorer les événements qui se passent autour d’eux (distractivité) et qu’ils ont parfois des difficultés à suivre (décrochage).

ACTIVITE 23

Avec votre partenaire de cours, tentez de trouver au moins cinq moyens pour aider les élèves dyslexiques à pouvoir se concentrer plus facilement et à suivre plus facilement le rythme de la classe. Comparez vos réponses avec nos quelques suggestions.

  • – Placez les élèves dyslexiques à l’avant et au milieu de la classe, face au tableau. Ceci réduira l’angle et la distance des contacts tableau-bureau et minimisera les distractions. De plus, ils vous verront et verront correctement le tableau, et vous pourrez vous rendre compte plus facilement quand ils « décrochent » (et ainsi approcher d’eux ou leur poser une question pour capter à nouveau leur attention) ;
  • – Evitez de placer les élèves dyslexiques près d’une fenêtre (de l’autre côté de laquelle plein de choses intéressantes peuvent se passer !) ;
  • – Minimisez les bruits dans la classe, par exemple en plaçant des balles de tennis autour des pieds des chaises et en organisant la classe de telle manière que les mouvements soient aussi silencieux que possible
  • – Minimisez les distractions visuelles (posters de décoration, etc.) ;
  • – Placez les élèves dyslexiques aux côtés d’élèves bien motivés avec lesquels ils pourront développer une relation de collaboration (« des camarades d’étude ») et demander discrètement des clarifications ou de l’aide quand ils « décrochent » ;
  • – Marquez clairement et rangez systématiquement les ressources de la classe, afin qu’elles puissent être facilement trouvées avec un minimum de mouvements et de bruits ;
  • – Certains élèves dyslexiques pourront mieux se concentrer si vous leur fournissez des objets qu’ils peuvent manipuler, afin de leur donner l’opportunité d’avoir quelque chose à tenir, à toucher, à « tripoter » pendant qu’ils écoutent et se concentrent ;
  • – Donnez aux élèves dyslexiques des opportunités d’effectuer des actions physiques (distribuer les livres, effacer le tableau, etc.). N’utilisez jamais les périodes de récréation pour que les élèves dyslexiques « rattrapent » leur retard ou refassent un devoir mal fait ; et ne supprimez pas les récréations pour les punir.
  • – La durée de la capacité à rester attentif tend à être plus grande si les tâches sont courtes et réussies (ceci est vrai pour tous). Ainsi, tentez de segmenter les leçons en petites parties et prévoyez des activités de fixation de chaque partie.

Habiletés d’organisation dans l’espace et dans le temps

Pour rappel, voici un passage du témoignage d’Eric Woehrling présenté dans la section 1, qui illustre les difficultés que rencontrent certains dyslexiques à s’organiser dans l’espace et dans le temps :

« Mon problème était que je ne pouvais faire certaines choses comme comprendre des organigrammes, lire des cartes ou me souvenir de consignes.

Lors de mon premier jour d’école à Bruxelles, notre première leçon était les mathématiques. On nous a fourni l’emploi du temps pour l’année. J’en ai déduit de manière inexplicable que les mathématiques constitueraient la première leçon de chaque jour de la semaine. J’étais, partiellement en raison de cela, en retard à chaque leçon chaque jour de la première semaine, et fréquemment pour le reste de ma scolarité. Une fois, le professeur a dû organiser une chasse pour me trouver.

Ce qui m’a blessé était le fait que mon interprétation de l’emploi du temps n’était pas illogique a priori, bien qu’elle était certainement étrange, mais que tous les autres savaient automatiquement quelles règles suivre alors que moi pas.

Ainsi, avec la dyslexie, on est souvent dans une situation où l’on se sent exposé aux railleries, comme un soldat à la parade qui tourne à gauche pendant que tout le reste du régiment tourne à droite.

En ce qui me concerne, c’était mes arrivées en retard – ce qui était un rituel attendu par toute la classe : mes entrées attristées ne manquaient pas de provoquer des vagues d’hilarité collective, peut-être compréhensibles.

A cause de cela et d’autres difficultés comparables, je suis devenu un personnage comique aux yeux de mes camarades, mon travail scolaire a été désorganisé et je n’ai pas pu développer mes vraies capacités. Tout cela était extrêmement injuste, car rien ne me paraissait foncièrement irrationnel dans ce que je faisais. J’en éprouvais donc le plus souvent du ressentiment et de l’humiliation. Quand je refais aujourd’hui le même genre de fautes qu’alors, je sens encore une frustration prête à remonter, simplement à cause des sentiments que ces situations évoquent.

Ceci appelle une remarque importante. Bien que les normes d’orthographe et les présentations d’horaires aient souvent quelque chose d’arbitraire, ce sont des choses indispensables à la vie sociale »

Voici quelques aides simples qui peuvent aider les élèves dyslexiques à mieux s’organiser dans l’espace et dans le temps:

Dans la classe :
  • – Assurez-vous que le journal de classe de l’enfant soit ouvert à la bonne page
  • – Elaborez avec les enfants dyslexiques un programme illustré des cours de la semaine, comme par exemple celui que nous proposons, inspiré par Goldup et Ostler.
  • PDF icon Exemple de programme illustré des cours de la semaine  
    • Ce programme devrait être fait en trois exemplaires : un dans la classe dans le casier de l’élève ou collé sur ou dans son bureau, un au début de son journal de classe, et le dernier à la maison (que ses parents lui demanderont de vérifier avant de partir à l’école).

    • – Pour les élèves plus grands, il peut aussi être utile d’élaborer un programme de l’année comportant les dates de fins de trimestres, les périodes de vacances, les échéances pour de longs travaux, les examens
    • – Si nécessaire, faites une liste des éléments à apporter chaque jour (argent pour le dîner, livre de lecture, plumier, latte, ciseaux, etc.)
    • – Donnez suffisamment d’avertissements lorsque vous effectuez des changements d’horaire ou de tâche (ex. « Il vous reste deux minutes…finissez votre phrase…déposez votre stylo »)
    • – Aidez les dyslexiques à organiser leur cartable, leurs livres, leurs dossiers, leurs feuilles d’exercices, de préférence avec un système de couleur (chaque couleur correspondant à une matière)
    • – Les pochettes en plastique peuvent être une aide précieuse. Encouragez leur utilisation de manière à ce que tout le matériel nécessaire à l’accomplissement de la tâche soit dans la pochette.
    • – Numérotez et datez les photocopies pour faciliter le classement
    • – Enseignez activement l’autoévaluation : une feuille au début de la chemise reprenant les points des devoirs précédents, le respect ou non des échéances, et les cibles sur lesquelles travailler pour le prochain devoir
    Pour les devoirs :
    • – Autorisez les élèves à commencer un devoir et à vous montrer leurs premières réponses pour vérifier s’ils exécutent le devoir de manière appropriée
    • – Donnez régulièrement des conseils et une supervision appropriée pour planifier les devoirs, en particulier pour les projets qui s’étendent sur plusieurs jours ou semaines
    Pour les examens :
    • – pour rappel, le stress est l’ennemi de la mémoire, et les élèves dyslexiques ont généralement besoin de plus de temps que leurs pairs non dyslexiques pour comprendre les questions, organiser les réponses et surtout écrire ces réponses. En particulier pour les examens, aidez-les à diviser les tâches en étapes, et à estimer le temps nécessaire à chaque étape (ex. 2 minutes pour lire la question, 3 minutes de « remue-méninges », 1 minute pour relire la question, 5 minutes pour faire un plan de la réponse, etc.)