Si ce que vous avez observé avec les épreuves pronostiques vous fait penser qu’un élève pourrait être dyslexique – ou pourrait présenter une autre difficulté d’apprentissage – vous devriez en discuter de manière sensible avec ses parents ou personnes responsables, et leur suggérer de prendre rendez-vous chez un spécialiste afin d’effectuer une évaluation diagnostique.

Voici un extrait du film “le langage traumatisé”, qui comporte un extrait d’interview d’Eleni Grammaticos, spécialiste dans le diagnostic de la dyslexie, et qui montre combien il est important de ne pas hésiter à s’adresser à des spécialistes en cas de suspicion de dyslexie.

Dans de nombreux pays, la procédure diagnostique officielle doit être faite par des professionnels ayant accès à des batteries de tests standardisés et formés à interpréter les résultats de tels tests.

Les tests utilisés par ces professionnels sont dans la majorité des cas standardisés ; cela signifie qu’ils ont été administrés à de larges échantillons d’enfants représentant différentes tranches d’âges et représentatifs de la population. Les résultats des différents groupes d’âges sont résumés et analysés de manière à fournir une indication du niveau de performances attendu pour chaque âge, ainsi que le degré de déviation de cette performance considéré comme normal ou non. Pour ce faire, ces tests recourent souvent aux centiles et aux écarts-types.

Certains professionnels posent ce diagnostic en se basant sur ce que l’on appelle communément le « modèle de décalage », qui repose sur l’idée selon laquelle chez l’enfant dyslexique, il existe un décalage entre les habiletés générales (QI) et les performances de lecture et d’orthographe.

Dans cette perspective, ils estimeront les habiletés intellectuelles et compareront les performances de lecture et d’orthographe à celles attendues sur base de ces habiletés.

Cependant, le « modèle de décalage » n’est pas suivi par tous les spécialistes, et certains préfèrent comparer les performances de lecture et d’orthographe de l’enfant à celles qui sont attendues sur base de son âge chronologique et de son niveau scolaire.

Notez que ces deux approches ne sont pas mutuellement exclusives, et que généralement, elles sont utilisées conjointement. Ainsi, la majorité des spécialistes vont examiner tant les habiletés intellectuelles générales que les performances en lecture et en orthographe, ainsi que diverses habiletés cognitives associées à la lecture et l’écriture (par exemple la mémoire à court terme, les habiletés phonologiques, etc.), afin de pouvoir poser un diagnostic éclairé.

De plus, le spécialiste examinera d’autres aspects (ou enverra l’enfant voir d’autres spécialistes) afin d’examiner l’implication éventuelle de facteurs physiologiques qui pourraient expliquer certaines des difficultés rencontrées dans la lecture, l’orthographe et la composition.

  • Audition et vision: l’enfant peut devoir subir des examens de l’audition (détecter, distinguer et identifier des mots présentés à des volumes différents) et de la vision (détecter et reconnaître des stimuli visuels de tailles, couleurs et contrastes variables, etc. dans les différentes aires du champ visuel).
  • Perception auditive: analyse, discrimination et catégorisation de stimuli verbaux et non verbaux. Par exemple, on peut demander à l’enfant d’identifier les sons qu’il entend, de dire quel(le) mot, syllabe ou phonème il a reconnu, de dire si des paires de sons sont identiques ou différentes.
  • Attention auditive: la capacité à se concentrer sur les sons et à sélectionner ceux qui sont pertinents et ignorer ceux qui ne le sont pas. Par exemple, l’enfant devra se concentrer sur certains sons et y réagir, en essayant de ne pas être distrait par un bruit de fond.
  • Perception visuelle: la capacité à discriminer les caractéristiques visuelles spatiales des images en miroir, l’orientation spatiale, la latéralisation gauche-droite ainsi que la représentation et l’intégration de stimuli visuels. Par exemple, l’enfant devra dire si deux dessins sont semblables ou non, compléter mentalement des parties manquantes de dessins en choisissant ces parties dans un contexte de choix multiple, reconnaître une forme particulière au sein d’un ensemble de figures et de lignes, etc.
  • Attention visuelle: la notion de ce qui est présent dans le champ visuel, la capacité à se concentrer sur une séquence et à la suivre des yeux, et la capacité à se concentrer sur une cible en ignorant les stimuli visuels distrayants. Par exemple, l’enfant devra presser un bouton du clavier dès qu’il voit apparaître un point sur l’écran, après avoir été alerté par un “indice” (ex. une petite croix) portant son attention près de (facilitation) ou loin de (distraction) l’endroit où le point apparaîtra; ou bien il devra nommer rapidement une séquence d’objets représentés en lignes ou en colonnes avec différents degrés de “densité perceptuelle”.
  • Intégration visuo-motrice (avec référence spéciale à la dysgraphie): copier une figure à main libre, coordination œil-main, contrôle moteur fin, position caractéristique pour l’écriture. Par exemple, l’enfant devra copier une figure géométrique complexe sans signification, imiter les positions des mains et des doigts de l’examinateur, écrire une séquence répétitive de lettres ou de symboles aussi rapidement que possible, etc.
  • Mémoire visuelle et auditive à long terme: la manière dont la connaissance des lettres et des correspondances entre les lettres et les sons est assimilée et automatisée, et dont le vocabulaire visuel est construit. Par exemple, l’enfant devra apprendre à associer des sons nouveaux à des symboles sans signification et à dire ces sons à chaque fois que le symbole correspondant est présenté.

Si vous désirez en savoir davantage sur l’éventail des tests reconnus par l’INAMI que les professionnels belges peuvent utiliser dans leur démarche diagnostique, vous pouvez consulter la liste établie par la Société Belge des Logopèdes Universitaires, à l’adresse suivante : http://www.code.ucl.ac.be/sblu/index.htm

Les professionnels remettent un bilan d’évaluation aux parents qui, dans la plupart des cas, est accompagné de suggestions concernant les aides à fournir à l’élève.

Il serait évidemment très intéressant pour vous de pouvoir consulter ce bilan, c’est pourquoi nous vous encourageons à demander aux parents de vous en fournir une copie, ceci dans la perspective de pouvoir établir une coopération interprofessionnelle efficace et optimale (voir section 3.1).

Soyez toutefois attentif au fait que certains parents pourraient être réticents à l’idée de vous laisser voir cette « évaluation objective » des capacités de leur enfant. Ayez une discussion sensible avec eux en leur expliquant que votre objectif est de mieux cerner les forces et les faiblesses de leur enfant afin d’adapter au mieux votre enseignement. En cas de réticence, demandez-leur seulement une copie des recommandations fournies.

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