2.7. Pourquoi étiqueter?

Pourquoi étiqueter un enfant comme étant « dyslexique »?

L’étiquetage est un sujet délicat qui doit être considéré avec prudence. Il existe des « pour » et des « contre ».

Bien que nous l’ayons déjà mentionné, il nous semble important de rappeler combien il est primordial d’évaluer l’élève, mais également de discuter avec lui et/ou avec ses parents avec une grande sensibilité.

En effet, les conséquences émotionnelles et psychologiques de l’étiquetage d’un élève comme étant dyslexique peuvent être très importantes pour certains enfants et/ou pour leurs parents, en particulier dans les pays dans lesquels la dyslexie est encore considérée comme un « handicap ».

Certains parents sont dès lors très réticents à l’étiquetage de leur enfant comme étant « dyslexique » et ne peuvent accepter la stigmatisation qui accompagne le diagnostic.

ACTIVITE 12

Discutez avec votre partenaire de cours et dressez une liste des « avantages » et des « inconvénients » qui pourraient être liés à l’étiquetage d’un élève comme étant dyslexique.

Comparez ensuite vos listes avec les divers témoignages fournis dans cette section et examinez si vous aviez pensé à tous les éléments qui y sont exprimés, ou si vous devez en ajouter davantage sur base de ce que le témoignage a mis en exergue.

« J’avais sept ans lorsqu’on a considéré que j’avais des difficultés d’apprentissage car je ne savais plus suivre en lecture et en orthographe. Personne ne m’a vraiment expliqué ce qui se passait. Ils ont simplement dit que je devais aller voir un docteur, me donnant l’impression que c’était bien plus dramatique que cela ne l’étais réellement.

Je peux encore me souvenir des circonstances des premières visites : beaucoup de larmes et de doutes envers moi-même et tous les autres, même ma mère. Incidemment, j’ai entendu une conversation entre le médecin et elle. Alors, en désespoir de cause, je me suis juré que je commencerais à ‘agir’ comme si j’étais un peu dingue et que « les autres » ne découvriraient jamais qui j’étais réellement.»

André

Ces témoignages démontrent combien il est important que l’enseignant puisse fournir des informations adéquates et non dramatisantes, bien qu’objectives, à l’enfant et à ses parents.

Lorsqu’on s’adresse aux parents d’un enfant diagnostiqué comme dyslexique, il est intéressant de souligner les aspects positifs de cette condition – la créativité, l’inventivité, l’imagination.

Il faut que les parents comprennent bien que vous êtes leur allié et que beaucoup de choses peuvent être faites si l’on adopte une attitude positive et de collaboration avec les autorités de l’école.

Dans les pays dans lesquels cela s’applique, les parents devraient savoir que la reconnaissance de dyslexie comme un « trouble » offre la possibilité à l’enfant de bénéficier d’aides supplémentaires, de plus de temps aux examens et d’un ordinateur.

Il est préférable de les laisser découvrir par eux-mêmes quels avantages sont disponibles via les autorités éducationnelles locales, car de nombreux parents résistent à l’idée selon laquelle leur enfant appartiendrait à la catégorie des « handicapés » pour obtenir ces avantages.

Gardez à l’esprit que catégoriser un enfant comme étant dyslexique peut induire les parents à diminuer leurs attentes envers l’enfant – à penser qu’il ou elle ne sera pas capable de « faire face » et qu’ils doivent être très indulgents à son égard.

Cependant, les parents sont souvent soulagés de pouvoir mettre un mot sur « ce qui n’allait pas mais que l’on ne pouvait pas comprendre ».

Lorsque vous parlez à un enfant qui a été diagnostiqué comme étant dyslexique, c’est une bonne idée de lui faire comprendre que vous, en tant que professeur, êtes de son côté. Ensemble, vous vous attaquerez aux problèmes rencontrés en lecture, en orthographe et en composition.

Certains enfants peuvent être très dérangés par le fait d’être étiquetés. Cela ne fera que confirmer leur sentiment d’être « différents », voire anormaux, et de ne pas faire partie de la « bande ».

D’autres enfants et/ou parents seront soulagés par le diagnostic. Comme nous l’avons déjà mentionné, la dyslexie entraîne inévitablement des atteintes à l’estime de soi et à la confiance en soi. A cause des difficultés scolaires récurrentes, de la réaction des pairs et même parfois de celle des professeurs et/ou des parents eux-mêmes, certains enfants en arrivent à croire qu’ils sont stupides, attardés ou « bons à rien ». Dans ces cas, le diagnostic objective la nature réelle des difficultés de l’enfant, qui ne sont pas d’ordre intellectuel ou liées à sa motivation.