2.6. Se focaliser sur les forces de l’élève

Il est facile de glisser dans une spirale négative en se concentrant sur les difficultés d’apprentissage de l’enfant et en perdant de vue ses forces et ses habiletés dans d’autres domaines.

Cela correspond à perdre de vue les solutions.

Il est impératif que les habiletés pour lesquelles l’enfant est doué soient encouragées et développées : elles constituent la base du développement de stratégies permettant de faire face aux difficultés et de mener ultérieurement à un niveau adéquat d’indépendance ; elles constituent les points de départ pour reconstruire la confiance en soi.

ACTIVITE 11

Dans la Section 1 nous avons précisé que les apprenants dyslexiques présentent souvent des habiletés surdéveloppées.
Pouvez-vous citer certaines d’entre elles ?
Dans quelles carrières ces habiletés seraient utiles ?

Des habiletés spatiales surdéveloppées qui se manifestent par exemple par des capacités à construire des modèles sans lire les instructions.

La capacité de penser profondément à propos des choses et de poser des questions pertinentes et sensées, en utilisant un vocabulaire étendu.

Une conscience sociale bien développée et une conscience accrue des besoins des autres.

Une capacité à résoudre des problèmes rapidement.

Des performances élevées en géométrie, ainsi qu’aux échecs, aux cartes et aux jeux informatiques.

Réponses à la seconde question :
  • Architecte
  • Designer de meubles
  • Présentateur de télévision
  • Poète
  • Chanteur
  • Cadre d’entreprise

Voici une déclaration de Robin, qui s’est battu avec ses problèmes de dyslexie et a obtenu une licence en Langues Modernes et en Linguistique avec distinction, et s’est spécialisé en traduction. Lisez attentivement ce qu’il recommande par rapport à la valorisation des habiletés supérieures chez les dyslexiques.

« Les parents et les professeurs d’enfants dyslexiques peuvent se sentir déroutés et perdus lorsque leur enfant, qui semble tellement intelligent, obtient de mauvais résultats scolaires et n’atteint jamais ses objectifs dans les domaines de la lecture et de l’écriture. Ceci est parfois très frustrant pour tous : pour l’enfant, les parents et les professeurs. Cependant, ces enfants ne sont pas seuls. Au fil de l’histoire, de nombreuses personnes célèbres ont été considérés, selon la croyance populaire, à la fois comme surdoués et dyslexiques (ou ont montré des caractéristiques typiques de dyslexie). On peut citer quelques contemporains comme Richard Branson, Whoopi Goldberg, Cher et Jackie Stewart. En considérant ces dyslexiques exceptionnels, on se rend bien compte que la dyslexie n’est pas une barrière au succès.

Ces exemples ne sont pas exceptionnels. Tous les jours, des dyslexiques réussissent dans toute une gamme de domaines, qu’ils soient scientifiques et ingénieurs ou artistes et architectes. La dyslexie se manifeste comme une difficulté liée à l’acquisition et au traitement du langage. Beaucoup de professeurs et de parents peuvent donc croire que le dyslexique est un individu trop peu motivé. On le taxe alors de « stupide ». De tels qualificatifs sont non seulement déplacés, mais erronés. De plus, ils font mal, car tout talent potentiel de la personne est dans un premier temps délibérément nié, puis volontairement inhibé.

Prenons par exemple Boas, un jeune homme brillant qui parle plusieurs langues de façon courante et idiomatique : l’hébreu, l’arabe, l’anglais, le français et l’allemand. Il a aussi des notions pratiques de néerlandais, d’italien et d’espagnol. Bien qu’en plus Boas soit très bon en mathématiques, il n’a jamais pu obtenir ses diplômes du secondaire. Il a en effet une dyslexie sévère, qui l’empêche de lire et d’écrire. Cependant, comment ne pas considérer Boas comme extrêmement intelligent ? Pour être une personne intelligente, il faut posséder d’exceptionnelles capacités cognitives générales. Malheureusement pour les dyslexiques, on ne développe pas de telles capacités dans le système éducatif général. C’est encore le cas de Boas qui en souffre, car s’il peut réellement apprendre, il ne peut apprendre qu’autrement. Les parents et les éducateurs doivent en tenir compte. De tels enfants peuvent réellement s’épanouir, mais ils ont besoin qu’on leur enseigne d’une façon différente, par exemple en utilisant des méthodes multisensorielles et des techniques pédagogiques adaptées à leur façon particulière d’apprendre.

Parents et éducateurs doivent être à l’affût des dons innés que présentent les dyslexiques. Ils ne doivent pas non plus oublier que si certains dyslexiques ne sont jamais « dépistés » par les enseignants et les éducateurs, c’est parce que leurs dons innés peuvent occulter leur dyslexie, ou vice versa.Tout comme Boas, il faut considérer les dyslexiques comme des individus souvent dotés d’importantes capacités intellectuelles associées à des difficultés d’ordre neurologique – ce sont des étudiants qui exigent une approche différente, capable de stimuler chez eux la créativité et le plein usage de leurs capacités intellectuelles. Là encore, certains parents et éducateurs pourront trouver cela frustrant. Il leur est difficile de comprendre le gouffre qui sépare d’une part l’intelligence et la créativité de l’enfant et d’autre part ses résultats apparents. C’est pourquoi la plupart des éducateurs et des parents s’imaginent que l’enfant est paresseux, ce qui est un non-sens. Lorsque les dyslexiques parviennent à exprimer leurs dons, il se peut fort que la persévérance soit leur trait dominant.

Ma première année à l’Université était très difficile – un vrai défi. J’ai dû redoubler cette année, mais je refusais de laisser tomber, même lorsque, en deuxième année, j’ai finalement été diagnostiqué comme dyslexique. Au final, malgré mes difficultés d’apprentissage, j’ai réussi mes études avec distinction. Comment les parents et les éducateurs peuvent aider ? L’un des facteurs principaux que les professeurs et les parents doivent réaliser est que le don se manifeste sous différentes formes. Les types les plus connus, et par conséquent reconnus, sont : la logique, l’intelligence mathématique et l’intelligence linguistique. Si l’on met de côté les performances en lecture et en écriture, ce sont également les talents requis pour réussir dans le système éducationnel ordinaire. Cependant, il existe quatre autres types d’intelligence qui enrichissent la vie, mais ne sont pas appréciées à leur juste valeur : spatiale, musicale, physique (corporelle –kinesthésique), et sociale. C’est souvent dans ces domaines que les dyslexiques brillent et il est essentiel que ces qualités soient reconnues et stimulées. Une autre qualité qui doit être reconnue est que la plupart des dyslexiques sont des penseurs simultanés, plutôt que séquentiels. Les penseurs simultanés voient immédiatement la globalité des choses ou une série de possibilités ; alors que les penseurs séquentiels ont besoin de comprendre le sens pas à pas avant de trouver la réponse.

Afin de les aider à développer leur potentiel au maximum, les écoles et les parents doivent activement chercher et laisser les talents individuels des élèves dyslexiques fleurir, même si ceci nécessite que le professeur adopte une approche plutôt différente, voire révolutionnaire. Si une méthode multisensorielle est utilisée dans une atmosphère de classe encourageante et compréhensive, l’estime de soi des élèves dyslexiques a une chance de grandir et de faire naître leurs forces ‘extra-ordinaires’, de telle manière qu’ils puissent grandir et devenir des adultes heureux et prospères. »

Robin

Note: certains experts pensent que Churchill et Enstein n’étaient pas dyslexiques.

Note : Robin est anglophone ; il est donc naturel qu’il fasse référence à des dyslexiques célèbres d’expression anglaise. Il existe évidemment de nombreuses célébrités dyslexiques d’expression françaises, par exemple Auguste Rodin (sculpteur français), Gustave Flaubert (écrivain français), Hugues Auffray (auteur, compositeur, interprète français), Janette Bertrand (journaliste, comédienne, auteur, féministe québécoise), Jean Bédard (écrivain québécois), Johnny Hallyday (chanteur français), Jules Verne (écrivain français), Louis Pasteur (scientifique français), Nathalie Baye (actrice française), Pascal Jardin (écrivain, dialoguiste, scénariste français), etc.

Les personnes dyslexiques ne montrent pas toutes des performances très supérieures dans d’autres domaines. Certains professeurs expérimentés mettent beaucoup moins l’accent sur les « dons » ou les talents exceptionnels.

D’un autre côté, la plupart des gens ont une habileté d’intérêt qui peut être encouragée par le professeur de la classe. Ceci peut stimuler les apprentissages dans les autres domaines en plus d’améliorer l’estime de soi.