Les styles d’apprentissage – écouter l’élève pour adapter votre approche

Ne perdez jamais de vue que chaque enfant dyslexique présentera des besoins spécifiques auxquels vous pouvez répondre dans la mesure de vos possibilités. De plus, nous avons vu comment nos yeux, nos oreilles, nos habiletés tactiles, notre odorat et notre goût constituent tous des canaux sensoriels de l’apprentissage. Certains élèves dyslexiques peuvent exploiter un seul de ces canaux de manière préférentielle. Par exemple, l’apprenant dyslexique « visuel » encode, traite et restitue les idées sous forme d’images, de couleurs et de positions.

« Peu importe combien de fois vous répétez quelque chose, tant que je ne l’ai pas vu écrit et illustré, je ne peux pas le retenir »
A.D. de Story Tent,
raconteur d’histoires

Par contre, l’apprenant dyslexique « auditif » mémorise plus facilement, voire uniquement, s’il entend ce qu’il doit apprendre.

« Bien que je sois un politicien - je dois donner des communications au Parlement, et je suis doué pour parler - , je suis incapable de lire autrement que mécaniquement. En d’autres mots, je peux lire les mots sur une page du début à la fin ; mais en ai-je compris la signification ? Pas un mot ! Donc, si je dois comprendre et mémoriser, mon épouse doit me lire toutes mes correspondances et documents à haute voix »
J.C
Membre du Parlement Européen

Le Dr Gavin Reid, spécialiste dans le domaine des styles d’apprentissage, précise que nous avons tous nos styles d’apprentissage et préférences, et que les connaître nous permet de comprendre et d’apprendre les choses de manière plus efficace.

L’utilisation de stratégies multisensorielles pour enseigner aux élèves dyslexiques, et aux autres, favorise leurs apprentissages, dans la mesure où l’on maximise les chances de leur fournir les enseignements selon un format qui correspond à leur style d’apprentissage préférentiel.

En référence aux deux témoignages présentés ci-dessus, pour les apprenants ayant des difficultés à traiter les informations provenant de la modalité auditive, on peut compenser ces difficultés en surexploitant la modalité visuelle, par exemple en utilisant des vidéos, des images, etc.

Les styles d’apprentissage sont liés à un ensemble de facteurs qui affectent l’apprentissage. Un facteur important est celui de la cognition, c’est-à-dire la manière dont on pense, en relation avec la manière dont on apprend et traite les informations. Schématiquement, il existe deux styles contrastés : le style global et le style analytique.

Les apprenants analytiques préfèrent travailler sur de petites quantités d’information structurées. Souvent, ce sont des apprenants « auditifs », qui auront des facilités pour mémoriser les détails. Ces apprenants seront facilités dans leurs apprentissages par exemple si les informations sont hiérarchisées en titres et en sous-titres.

Par contre, les apprenants globaux ont souvent une préférence pour la modalité visuelle et ont tendance à voir les informations dans leur ensemble avant de percevoir les détails. Lorsqu’ils lisent une histoire, ces apprenants seront aidés si on leur présente des informations concernant cette histoire avant de leur faire lire. Leurs apprentissages seront facilités si on leur apprend à utiliser des outils comme des cartes heuristiques, qui donnent une vue globale et non linéaire de l’information. Par ailleurs, les apprenants globaux préfèrent généralement travailler en groupes.

Il n’existe pas de « bon » et de « mauvais » style. Le plus important est que les apprenants puissent identifier leur propre style d’apprentissage préférentiel et essayent de l’utiliser de manière efficace et appropriée.

Le Dr Reid précise que parfois, l’échec dans l’apprentissage peut résulter d’une inadéquation entre le style d’enseignement et le style d’apprentissage de celui qui échoue. Si la tâche est représentée sous un format qui correspond au style d’apprentissage de l’apprenant, il sera alors capable d’affronter les défis et de réussir.

Par conséquent, tous les efforts devraient être faits pour organiser la classe et les enseignements de manière à ce qu’ils puissent être modulés afin de rencontrer une série de styles. De plus, les enseignants devraient également être conscients de ce que les styles d’apprentissage signifient, et pouvoir identifier ces styles chez les élèves. Leurs observations et discussions avec les élèves, lorsque ces derniers effectuent les tâches, sont utiles à cet effet.

Il est important que les élèves dyslexiques prennent conscience de leurs propres styles d’apprentissage (métacognition), car c’est le premier pas, et le plus important, pour atteindre un certain degré d’autonomie et une meilleure efficacité dans leurs apprentissages.

Vous pouvez aider ces élèves à prendre conscience de leurs styles d’apprentissage. Si vous utilisez des exercices favorisant l’encodage multisensoriel, tel que celui proposé par Chris Carter (voir plus haut), vous pouvez ensuite interroger les élèves dyslexiques sur le ou les canaux sensoriels qui sont les aides les plus puissantes pour favoriser la mémorisation et la visualisation. Lorsque l’élève sait cela, il peut se concentrer sur l’utilisation des canaux sensoriels les plus forts afin d’aider les sens plus faibles à se souvenir. S’il veut se souvenir, aidez-le à utiliser tous les sens à cette fin.

Pour en savoir plus sur les styles d’apprentissage et leur utilisation dans le contexte de l’enseignement, nous vous conseillons de consulter le site Internet du Dr. Gavin Reid, ou de vous procurer son ouvrage (écrit en collaboration avec Shannon Green)
« 100 idées pour aider les élèves qui souffrent de dyslexie »

En résumé, « si les élèves ne peuvent apprendre par votre manière d’enseigner, enseignez-leur de la manière dont ils apprennent » (Ignacio Estrada).

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